SCANLA: Attractivités des villes suisses pour les ancrages localisés des réseaux d’entreprises
Project responsable | Céline Rozenblat |
Team member |
Christian Livi
Thierry Theurillat |
Project partner |
Olivier Crevoisier
Christian Zeller |
Abstract |
La globalisation des entreprises crée de plus en plus
d’interdépendance entre les territoires, en particulier
entre les villes qui sont des nœuds privilégiés de ce
processus. Si cette mutation du capitalisme mondial (Wallerstein,
1979) s’est articulée avec la mutation des villes, c’est
parce que l’ « espace des flux » devient dominant sur
l’« espace des lieux » (Castells, 1996). Les firmes
multinationales coordonnent leurs multiples localisations en des
systèmes intégrés de division du travail et de
production dans des systèmes de pouvoirs des «
chaînes globales de valeur » (Porter, 1986 ; Gereffi,
1996 ; Gereffi et al., 2005). Ainsi, les firmes multinationales
contribuent à dynamiser les « milieux innovateurs
» urbains et à les valoriser à l’échelle
supranationale en les intégrant directement ou indirectement
dans ces « chaînes globales de valeur » et dans
les diffusions des innovations. Les villes se concurrencent
désormais directement par-delà les frontières
nationales pour attirer ou retenir ces fonctions
stratégiques de centres d’innovation ou de pouvoir
(Kätke, 1990). La centralisation très
hiérarchisée des réseaux, d’une part, et la
concentration des fonctions stratégiques, d’autre part, sont
deux aspects d’un même mouvement qui oriente fortement les
trajectoires possibles de chaque ville dans le système
urbain mondial. Les processus, qui sous-tendent cette interaction
cumulative, sont toutefois encore insuffisamment approfondis (Hall,
Pain, 2006). La présente étude de la dynamique d’un
système de villes, vue sous l’articulation de ces deux
aspects, des formes de réseaux et des attributs des lieux,
propose de s’interroger sur les fondements des potentiels de chaque
ville à maintenir, voire à améliorer, sa
position dans les réseaux globaux différenciés
selon qu’ils sont financiers ou industriels. Comment les
économies d’agglomérations des villes
interagissent-elles avec les économies de réseaux qui
se développent sur de plus longues portées dans des
chaînes globales de valeur ? Y a-t-il des échelles
privilégiées où se développeraient des
dynamiques selon les domaines d’activités
(régionales, européennes, ou autres) et des
dépendances qui tendent à s’accentuer sous l’effet de
dynamiques propres des réseaux ? Les dynamiques des
réseaux contribuent-elles à maintenir un certain
niveau de cohésion nationale ou au contraire une
désarticulation et un éclatement des réseaux
internationaux développés autour de chaque ville ?
Dans quelles mesures certaines formes d’organisations territoriales
en « places centrales » perdurent à
côté des logiques d’organisations réticulaires
? Comment les régulations nationales, régionales et
urbaines joue-t-elles un rôle dans les configurations
actuelles des réseaux des villes et peuvent-elles
prétendre orienter le devenir des villes ? Nous proposons
ici une analyse approfondie des villes helvétiques qui
s’inscrit dans le prolongement d’une étude sur les villes
européennes dans le monde (ESPON projet FOCI 2008-2011). Ces
villes appartiennent au même environnement national, dans un
système urbain fédéral très peu
primatial, avec des types de spécialisations
économiques différentes et relativement
indépendantes. Dans un premier temps, l’ensemble des
réseaux des grandes firmes multinationales passant par les
territoires suisses seront analysés au sein des
réseaux globaux par activité, dans une approche
couplant graphes de villes et « chaîne globale de
valeur » des entreprises (2007-2010). Dans un deuxième
temps, les positions trouvées seront confrontées au
niveau meso avec les caractéristiques
socio-économiques et institutionnelles des villes et des
territoires. En parallèle, après avoir
sélectionné des activités
révélatrices de l’économie de la connaissance
dans chacune des cinq agglomérations majeures suisses, une
troisième approche montrera au niveau micro le
développement des activités dans les réseaux
intra et inter entreprises, soulignant les positions et les
évolutions possibles des ancrages territoriaux dans les
chaînes globales de valeur. Ici seront mobilisés
à travers des enquêtes non seulement les milieux
économiques locaux, mais également leurs liens avec
des institutions de recherche (publics ou privés), des
instituts de formation et des différents acteurs de la
gouvernance territoriale qui y participent. Ces trois études
aux niveaux micro, meso et macro permettront de nourrir des
hypothèses sur les réseaux qui seront testées
sur l’interaction dynamique entre le développement des
réseaux et celui des villes. A partir de ces
hypothèses, une étude prospective s’interrogera en
dernier lieu sur les trajectoires des villes dans la mondialisation
et sur les facteurs qui interagissent pour accentuer ou au contraire
réduire les hiérarchies inter-urbaines. L’étude
sera menée par trois chercheurs confirmés encadrant
une thèse, une collaboration scientifique et deux
auxiliaires de recherche. |
Keywords |
globalisation, entreprises multinationales, gouvernance d’entreprise, réseau global des villes. |
Project homepage | http://p3.snf.ch/project-124781# |
Type of project | Fundamental research project |
Research area | Géographie humaine et économique |
Method of financing | FNS |
Status | Completed |
Start of project | 1-9-2009 |
End of project | 30-9-2013 |
Overall budget | 284406.0 |
Contact | Olivier Crevoisier |